La contribution des habitants
Les habitants, une autorité compétente dans le débat
et l'action citoyenne pour co-produire la ville du XXIème
siècle.
Les habitants, rassemblés en Place Publique avec des élus
et des professionnels, affirment leur rôle et leur compétence
dans le débat démocratique et la gestion de la Ville
: ils en sont les partenaires naturels, souvent oubliés.
Ils confirment en matière de démocratie locale un
certain nombre d'idées, mais pointent aussi aujourd'hui de
nouvelles exigences.
Des conditions indispensables à l'engagement citoyen et
l'action collective :
Etablir la confiance, mettre fin au climat de suspicion réciproque
qui caractérise aujourd'hui le comportement des partenaires
est une priorité.
Reconnaître et accepter les différences de rôles,
de cultures, de territoires et d'âges
est une nécessité
pour que chacun "prenne place" dans la ville. Mais dans
le même temps, les habitants sont à nouveau persuadés
de devoir s'organiser et afficher des identités collectives
et indépendantes vis-à-vis des partenaires politiques
et techniques.On ne peut avoir prise sur l'action publique que si
l'on est informé.
Chacun sait la nécessité de clarifier les enjeux.
Ceux-ci, mais aussi les limites de l'engagement, doivent donc être
fixés d'un commun accord et respectés. L'entrée
dans le débat engage personnellement, les habitants ne veulent
pas perdre leur autonomie.
Sans méconnaître l'intérêt des offres
de participation faites par les institutions, les habitants exigent
aussi que leurs propres initiatives rentrent dans le débat
et reçoivent l'accueil et l'appui des autres partenaires
Ils revendiquent notamment désormais un droit à l'appui
direct des compétences des techniciens : information, assistance
technique
Leur droit à l'initiative ne doit pas cependant servir
à pallier les carences de la puissance publique.
La participation ne se décrète pas, elle nécessite
de forger ses outil :
Depuis longtemps on sait la nécessité de l'apprentissage
du dialogue entre les différents partenaires, de l'écoute
qui nécessite parfois une traduction. Les habitants revendiquent
la création d'espaces de débat, d'instances de concertation,
de lieux de rencontre et d'échange, installés dans
la durée. Ils demandent que ces espaces soient dotés
de moyens qui permettent l'expression et l'enregistrement de tous
les points de vue de la délibération. Ils demandent
des interprètes pour favoriser le débat entre étrangers.
Ce sont les partenaires qui doivent pouvoir définir les
lieux et les règles du débat. Ils doivent pouvoir
organiser une évaluation publique permanente sur son fonctionnement
et son efficacité. Pour tous, habitants, élus, professionnels,
il est nécessaire d'abord de reconstruire la confiance en
soi " capacitaçao " pour aborder le débat.
Pour tous aussi, il est nécessaire de disposer de moyens
de formation sur tout ce qui fait la vie en ville, sur tout ce qui
est nécessaire pour l'action de chacun.Les habitants confirment
la valeur des réseaux, des visites, des rencontres au-delà
de toutes les frontières.
Au-delà des expérimentations qui ont fait leurs
preuves, restent des attentes d'évolution :
Alors que les institutions semblent privilégier le débat
et l'action de proximité, les habitants quant à eux
réagissent en affirmant leur crainte de se voir enfermer
sur " le quartier ". Ils connaissent aussi la nécessité
d'envisager les questions concrètes du quotidien dans un
cadre beaucoup plus large, de l'emploi au logement, du transport
à la santé, de l'éducation à la justice
· Les expériences de participation butent systématiquement
sur l'organisation pyramidale et sectorisée de l'administration
et sur le manque d'implication de certains partenaires.
Si la participation est désormais comprise comme lieu de
la co-production des projets, les habitants revendiquent maintenant
la continuité de leur implication jusque dans la gestion.
C'est l'enjeu de la démocratie de délégation
de se renouveler en trouvant les cheminements d'une construction
participative de l'action publique pendant la durée même
de la délégation.
De même la loi doit se nourrir de ces exigences nouvelles.
Tous les habitants aspirent au développement de leur ville,
et au-delà de leur pays, donc du monde. Ils y ont un intérêt
direct et souhaitent un développement durable et équitable
qui profite à tous.
Ceci implique notamment :
- que les populations qui constituent l'élément
le plus stable, " autorité compétente "
parmi les pouvoirs, soient effectivement associées à
la gestion de la cité et à son évaluation
en permanence que les ressources et richesses naturelles soient
utilisées de manière éclairée et au
profit de la collectivité, que l'environnement soit préservé.
- que les politiques soient responsables, veillent à ne
pas faire passer les divergences politiciennes avant la continuité
de l'action.
Entrer dans le débat et l'échange nécessite
l'emploi de mots, souvent interprétés différemment,
voire confisqués par le discours dominant. Redéfinir
le sens de "citoyenneté", "ville", "habitant",
"communauté", "richesse"
est désormais
un enjeu pour la crédibilité du dialogue, d'autant
plus fort à l'heure de la construction d'une citoyenneté
européenne.
|